Trouvé, dans un livre étonnant, cette blague circulant semble-t-il en Inde, dans la communauté musulmane :
Je vois un homme sur le point de sauter d'un pont.
Je lui crie : «N'y vas pas.»
Il
dit : «Personne ne m'aime.»
Je dis : «Dieu t'aime. Crois-tu en Dieu ?»
Il dit
que oui.
Je dis : «Es-tu musulman ou non musulman ?»
Il dit : «Musulman.»
Je dis : «Chiite ou sunnite ?»
Il dit : «Sunnite.»
Je dis : «Moi aussi ! Deobandi ou barelvi ?»
Il dit : «Barelvi.»
Je dis : «Moi aussi ! Tanzîhi ou tafkiri ?»
Il dit : Tanzîhi.»
Je
dis : «Moi aussi ! Tanzîhi azmati ou tanzîhi farhati ?»
Il dit : «Tanzîhi Farhati.»
Je dis : «Moi aussi ! Tanzîhi farhati jamia ul Uloom Ajmer ou tanzîhi farhati jamia ul Noor Mewat ?»
Il dit : «Tanzîhi farhati
jamia ul Noor Mewat.»
Je dis : «Meurs, kafir !» et je le pousse par-dessus le parapet.
Aroundati
Roy, Le ministère du bonheur suprême (2017)
Incroyable régression de l’esprit
communautaire, aujourd’hui réduit à la seule sphère familiale, ou presque. Comment la peur de l’Autre, de la différence d’avec son petit soi-même, a-t-elle submergé à ce point les habitants
de la planète ? Il ne s’agit évidemment pas du seul Islam dévoyé. Je pourrais écrire la même histoire à partir d’un Français -> Corse -> village -> famille -> branche, ou d’un
Américain -> État -> ville -> paroisse -> prédicateur, ou d’un Africain -> pays -> ethnie -> village -> griot, etc. Et je ne parle pas des couleurs de peau, des orientations sexuelles, des niveaux d’études,
des montants de patrimoine… Les haines et les racismes de toutes sortes ne font que s’amplifier me semble-t-il.
Depuis que je suis en âge de comprendre un tant soit peu
la marche du monde, je me sens faire partie d’une seule et même communauté, les Terriens. Je ne sais pas, je n’ai jamais su, répondre à la question qui vient en premier à chaque nouvelle rencontre :
« Tu viens d’où ? ». Je ne viens de nulle part. Je suis ici, je vis sur Terre. Et je suis heureuse d’y rencontrer les autres. Je n’en ai pas peur. Ou du moins, je n’en avais pas peur. Parce que je dois
avouer que depuis quelque temps, oui, certains, et pas plus loin que dans ma famille proche, me font peur. Et je me sens bien impuissante dans mon utopie…
1)
J’espère qu’au moins, les dieux rigolent, eux.
2) Mais peut-être justement s’agit-il seulement de faire rire les dieux.
3) Et peut-être sommes-nous seulement piégés dans leur dernier jeu vidéo en ligne stellaire… Qui sait ?