Honnêtement, si quelqu’un, il y a un mois, m’avait dit que je m’intéresserais au Mondial, je lui aurais ricané au nez. Or me voici sur une terrasse de la place,
devant un écran géant sillonné de silhouettes minuscules zigzagant sur un tapis russe à rayures vertes. Et je participe. Autour de moi, des tables pleines, des indifférents comme des aficionados, des vieux comme des enfants,
des Grecs comme des touristes – du moins ceux qui sont concernés par leur match et donc par les prestations de leur équipe, nationalisme oblige – et tout est bon enfant. La Grèce n’étant pas qualifiée, les
locaux sont sans parti pris. Ils admirent les belles actions, sifflent les mauvais gestes, jugent en techniciens les erreurs des deux côtés. Ça me convient. Je ne suis pas naïve. Cette belle impartialité volerait en éclats
de voix sonores si les joueurs s’appelaient Dimitriakos ou Papadopoulos. Mais bon, en l’état, je savoure.
Il y a quelques heures, des jeunes de la banlieue parisienne ont
balayé le dit meilleur joueur du monde, monsieur Messi. A présent, sous mes yeux un peu plus distraits, des péones uruguayens mènent la vie dure à la star mondiale qu’est Ronaldo. C’est assez jouissif finalement
ces réunions pancosmiques. Le pouvoir de l’argent roi bien sûr mais aussi la permission de montrer du cœur, tout de même.
Jusqu’à quand ?
certes… Le grand remplacement qui fait si peur à mes contemporains n’est pas forcément celui des « mâles blancs » par des « fanatiques islamistes », bruns foncé de préférence,
c’est peut-être plus profondément celui des valeurs d’entraide et de partage, indispensables à la survie humaine d’après moi, par le règne du « moi, et surtout moi !, d’abord »,
stérile et mortifère pour l’humanité. J’espère avoir tort.
22h ce samedi : Ronaldo et Messi, les deux joueurs les mieux payés
de la planète foot, rentrent à la maison en 8e de finale. Rien de glorieux. Je ne sais pas, en fait, si je m’en réjouis,
mais j’ai passé une bonne soirée !