Et voilà ! On se purge, on se fait redresser, détordre, on se nettoie de fond en comble, on fait tout comme il faut pendant trois semaines jusqu’à se croire redevenu
ado. Ô puéril orgueil du petit homme, pardon, de la petite femme, vite remise à sa place. Une mince flaque de boue dans un escalier de marbre en construction, une semelle un peu lisse, et s’ensuit une glissade spectaculaire, tibia
plaqué en frontal sur l’arête d’une marche vive, hanches en roulé-boulé dans les degrés, côtes caressées par la chute d’un corps pas vraiment léger, bref, tout est à refaire !
Comme, bien entendu, ces événements ne se programment que les jours fériés, le week-end de la Pentecôte orthodoxe avait vidé les moindres officines médicales
officielles. L’amitié a compensé. Des béquilles sont apparues, les huiles essentielles sont sorties de placards avec l’arnica et les anti-inflammatoires, toute une médecine familiale et ma foi aussi efficace que l’autre
sans doute.
Trois jours plus tard, les bleus ont fleuri un peu partout, mon mollet est pris comme dans un bracelet œdémique mais l’os a tenu le coup, comme l’a confirmé
le jeune toubib du dispensaire – d’ailleurs je marche, tout doux, mes géniteurs ont fait de la belle ouvrage, je les en remercie tous les jours –, une côté me chatouille et les lombaires protestent à voix très
haute. Joy aux mains d’acier et sa maharani Doctor ne me féliciteraient pas. J’ai bien saccagé leur beau boulot.
Disons que c’est aussi une façon de
ralentir la joyeuse fiesta qui avait repris son cours dès mon retour et de me confronter à mon infantile prétention à l’invincibilité. Encore un peu de travail en vue. Chouette !