Depuis quelques mois, France Inter, ma radio préférée aujourd’hui en panne de crédits, a ouvert plus largement son antenne aux publicités commerciales. Jusqu’ici plutôt discrètes et plus ou
moins institutionnelles, elles sont désormais privées et souvent indécentes. En y prêtant attention au fil d’une journée ordinaire, j’ai constaté qu’elles avaient presque toutes un point commun :
elles jouent sur la peur.
Peur des maladies pour les incitations aux soins, vaccins et autres pilules au cœur des annonces en provenance des laboratoires, ou pire, directement du ministère de la Santé. Peur des accidents, de voiture
ou de la vie, pour les propositions alléchantes des compagnies d’assurance. Peur du manque, de la crise, de la déroute économique pour les offres spéciales de consommation. Peur du lendemain, de la mort, pour les multiples
testaments obsèques et demandes de legs préalables. Et bien évidemment, pour coller à l’air du temps, peur de l’Autre et d’une éventuelle tentation de lui être solidaire.
Le comble dans ce domaine
vient de me froisser les oreilles. Achetez une Smart ! Sa mini taille, qui vous garantit une place de parking pile devant votre objectif, vous permettra ainsi de couper court à la demande de prêt qu’essaie vainement de vous adresser
votre ami passager. Jetez-le plutôt dehors sans répondre puisqu’il est arrivé à bon port. Que lui faut-il de plus ?!
Je ne sais pas à quoi carburent les soi-disant créatifs des agences de pub. De toute
évidence, pour moi, à une notion frelatée mais plutôt bien portée ces derniers temps : « Le bateau coule ! C’est moi d’abord ! » Comme diraient Trump – fier de ne pas
payer ses impôts, preuve d’intelligence à ses yeux – ou Fillon – qui verse sur ses comptes familiaux la part de nos impôts destinée à rémunérer de véritables assistants parlementaires
--, à défaut d’être moral, c’est légal. Pourquoi donc ne pas se faire du bien, à soi, en priorité !
[ Merci à Philovive pour son
illustration "benistique" ]