Je ne suis pas la dernière à sourire de l’arrogance de ces Anglais toujours enclins à considérer leurs spécificités comme infiniment supérieures aux travers des peuples de sauvages sans éducation,
et sans Commonwealth, qui défigurent une planète en manque de terrains de cricket. Mais à quelques exceptions près, je n’ai entendu de leur part, ces derniers jours, que des réflexions de bon sens sans agressivité.
Oui, la machinerie européenne – dont l’idée de base était humaine et lumineuse - est devenue opaque, absconse, incompréhensible et ingouvernable. Et donc sclérosante, humiliante, écrasante, parfois même
mortifère, pour des individus qu’elle était censée protéger des méfaits de communautarismes qu’elle a en réalité magnifiquement réveillés. Et même exacerbés.
On
aurait pu penser – je l’ai même naïvement espéré – qu’une demande de sortie d’un peuple dit souverain (qualificatif refusé il y a un an à des Grecs moins exigeants après leur propre
référendum) allait provoquer quelque prise de conscience, quelque remise en cause des voies de garages creusées ces derniers temps entre Bruxelles et Strasbourg. Au moins auraient-ils pu faire semblant. Las ! « La Grande
Bretagne ne peut pas sortir avant deux ans compte-tenu art.50, bla bla, etc. D’ici là, rien ne changera. Par contre, eux, peuvent changer d’avis entre temps. » (Pascal Lamy sur France Inter, Angela Merkel, d’autres).
Autrement dit, c’est pas grave. On va faire traîner, les engluer en procédures et ils se lasseront avant nous. Les peuples sont versatiles. Nous, on ne change rien. Nous savons tout de même mieux que ces manants où se trouve
leur bien… Finalement, tiens, je me demande de quel côté se situe l’arrogance… [Brexit, J +2]