… contre le pot d’airain des lois européennes. Trois jours à tourner et retourner la situation sous multiples angles, à demander aides et conseils à gauche et à droite. Une seule solution visible, me hâter
de sortir la voiture de Grèce, chaque jour passé rallongeant l’amende de 20 euros. Soit un joli loyer en fin de mois.
Rentrer en France donc, vendre cette voiture « hors normes » que je pensais être mon
dernier véhicule motorisé, mon dernier compagnon à quatre roues sur les routes du monde, de mon monde. Qui n’est visiblement pas celui des législateurs.
Je cède, je plie, j’obéis, je déglutis
la couleuvre, et j’enrage. Je me sens punie sans avoir rien fait de répréhensible en conscience. Dirigée contre mon gré sur des chemins balisés par d’autres. Dépossédée de ma simple liberté
de vie. Et ce n’est pas fini. Il va me falloir à présent une carte de séjour, pour laquelle « ON » exigera de moi une preuve de domicile fixe, un justificatif de propriété quelconque, que je n’aurai
pas, plus jamais. Dans quel labyrinthe vais-je encore m’engluer ?
Vous me direz, revenir vivre en France ne serait-il pas plus simple ? Si, certainement. Sauf que je n’en ai ni les moyens, ni la moindre envie. Alors, me renier
encore ?! Ça commence à suffire. « Marier un Grec » ?! comme le chantait Michèle Arnaud* (qui connaît encore Michèle Arnaud ?). Merci non. Me faire oublier au Bénin ?! Trop
chaud. Quitter les radars en plongeant sous la surface des diktats, rejoindre les vrais sdf ?! Je ne sais pas encore me passer d’une douche quotidienne. Kafka, je vous dis.
Le positif dans tout cela ? Parce qu’il y en a un, obligatoirement.
Ces trois jours m’ont amenée à prendre vraiment parti. Oui, c’est ici, dans ce pays, avec ces gens, que je veux passer mes prochaines années. A partir de cette certitude, ne reste plus qu’à faire ce qu’il
faut pour cela. Adieu donc la Ferrari. Et qui sait, je vais peut-être trouver mon bonheur à circuler désormais en carriole à âne… de location évidemment !
[ On
me signale qu'il s'agirait plutôt de Patachou...
Ah, la mémoire ! Mais j'aimais bien Michèle Arnaud... ]