C’est dimanche, lendemain de Noël, mais tout est ouvert et vivant. Pas de pont férié en Grèce. Au contraire. On met les bouchées doubles pour regagner quelques euros. Nos syndicalistes en mangeraient leurs chapeaux.
Des plus grands supermarchés aux moindres vendeurs de légumes, des établissements prétentieusement design aux humbles tavernes toujours enfumées, le courant circule.
Les enfants testent leurs nouveaux jouets en commun
sur la place centrale. Leurs mères discutent devant un café. Les pères tentent une nouvelle chance à la loterie nationale. Peut-être 2016 sera-t-il plus clément à leurs finances…
Il y a bien quelques
gamines Rom, les cheveux déjà décolorés et les yeux charbonnés de khôl, qui tendent un peu la main. On ne sait jamais, sur un malentendu, mais elles sont plutôt rigolardes.
Nous sommes à Sparte,
haut-lieu de la fierté grecque antique, toujours d’actualité dans l’esprit des descendants de Léonidas. Hier, un partisan d’Aube dorée, le parti nazi arrivé en troisième position aux dernières
élections – ça vous rappelle quelque chose ? – m’a déclaré très simplement : « Quand nous serons au pouvoir, » -- ce qui, pour lui, relève d’un futur proche et
incontestable, et pourquoi pas ? – « nous te mettrons dehors ! » Sans plus de fioritures. La Grèce aux Grecs, la Corse aux Corses (au fait, ce sont les mêmes hommes puisqu’une grande partie de l’île
de Beauté a été peuplée par des Maniotes en exil), le monde est bien malade.
Extérieurement, la vie est là, simple et tranquille. Intérieurement, la haine et l’amertume bouillonnent. Et qui sait
quand, et comment, la marmite explosera.