Sur le port abandonné,
Ecailles sèches et vieux filets,
Dieu Eole a froncé le nez, l’eau s’est levée,
Le pêcheur s’est incliné.
Les coques sont au sec
sur les galets,
Les corps morts se balancent désœuvrés.
En huit jours les hommes s’en sont allés.
Moi, poisson, je vais rêver…
Que le printemps ne viendra,
Que l’homme
se repentira,
Que mon monde parfait, oui, se retrouvera,
Et fleurs de paix sèmera.
Mais je sais que rien de cela ne sera,
Que bruits, haine et fureur règnera.
Moi, vieille âme, je préfère
baisser les bras
Regrettant d’en bas les dégâts.
Chanson un peu bancale (désolée Brigitte), un peu désabusée. Mais la vision du petit port de Géroliménas totalement déserté
par les caïques et canots encore nombreux samedi dernier me met le cœur à l’automne. Où est passé le fier vainqueur de la sériole (j’ai finalement adopté le féminin – cf. txt précédent)
sur ce même quai il y a une semaine ? Où nagent aujourd’hui les seniors venus d’Athènes qui barbotaient en riant avant de se précipiter vers les terrasses ?
Je vais être désormais seule dans
le grand vent, l’ouzo n’exigera plus de glaçons, les mézés vont se réchauffer, remplacer la tomate origanée par la patate rôtie, l’anchois mariné par des rondelles de saucisses fumées.
Comme le poisson de ma chanson (je suis Poissons !), je vais contempler le monde de mes profondeurs ouatées, tâcher d’ignorer les dégâts moyens-orientaux, caressés et entretenus par des soi-disant grands puissances,
ou les délires religieux de fanatiques encensés et déformés par des soi-disant envoyés de dieux divers, et croiser mes nageoires pour qu’un vrai printemps revienne un jour, à l’échelle de l’humanité.