Le goût des choses, le goût des autres, le goût du beau qui règne partout ici dans la sauvagerie minérale de cette presqu’île farouche. Le goût de la distorsion du temps également. Le monde à
nouveau ne tourne plus pour moi selon les horloges d’une humanité dépassée.
Le numérique est impuissant à décompter les caprices de Chronos. L’hyper-technologie, la e-intelligence ne changeront rien
à l’affaire. Elles bousculent sans doute l’assemblage de cellules qui manifeste notre véhicule ici-bas, mais je crois qu’en aucun cas elles ne modifieront le sens de notre présence, la leçon à prendre de
chaque vie décidée, choisie, acceptée, aux fins de retour à l’Unicité.
Evidemment, comme je dis, c’est ma croyance. C’est aussi ma tranquillité, ma responsabilité, mon acceptation, tout
ce qui me sépare de l’intolérance, du non-partage, du rejet qui me semblent envahir le décor de mes concitoyens. Deux visions d’une même leçon, deux réponses aux exercices pratiques. Il n’y en a pas
une bonne et une mauvaise. Elles coexistent et dessinent la cartographie de l’humanité actuelle, dont chacun de nous est un pixel (je m’adapte au vocabulaire technoschtroumpf comme vous voyez).
Et comme, ainsi qu’enseignent
les lamas, « si tu ne peux résoudre un problème, le problème n’existe pas », je laisse volontiers le souci de la notation impossible à d’autres.
Je m’immerge dans le goût, la
saveur, l’incroyable plaisir d’être, de vivre sur cette planète somptueuse où quelques oasis de bon sens ancien, terrien, manuel, humain, subsistent. Et je remercie les Maniotes de m’entrouvrir la leur.